L’évolution: des éléments encore très hypothétiques, mais passionnants
Nous en savons encore très peu sur l’histoire évolutive du genre Parosphromenus. Le fait que des poissons classés dans le même genre présentent une ressemblance évidente tout au long d’une aire de répartition géographiquement très étendue, avec seulment deux formes ”élancées” un peu hors de la série (P. parvulus et P. Ornaticauda), alongtemps fait penser, jusqu’à la découverte d’autres variations, qu’il s’agissait d’une seule espèce (”deissneri”).
L’explication de ce phénomène pourrait résider dans un mécanisme évolutif proche de celui qui a été invoqué pour un groupe botanique bien connu en aquariophilie, et vivant en partie dans la même zone, les cryptocorynes, mieux connus en raison de recherche génétiques beaucoup plus poussées: le modèle de la diversification d’espèces par radiation adaptative (adaptive Radiation). Cette notion désigne l’effet de l’isolement génétique s’exerçant après fractionnement d’ un ensemble géographique initialement continu. Le fractionnement provoque l’isolation génétique de populations à partir d’un stock initialement commun et à partir de là, dans chaque territoire, des évolutions séparées. Ce qui était à l’origine une espèce unique se fragmente en sous-espèces, voire en espèces distinctes. Les bassins hydrographiques de l’ancien Sunda étaient différents de ceux qui existent aujourd’hui en Asie du Sud-Est. Des phénomènes géologiques (subsidences, élévations etc…) ont pu établir ou interrompre des liaisons ; la situation actuelle est un ”instantané” , le reflet, à un moment donné et à un endroit donné, d’une histoire évolutive en cours.
Ce mécanisme de spéciation est bien connu pour les cryptocorynes, qui viennent de la même zone géographique et présentent aujourd’hui des formes qui s’hybrident facilement, ou non, en fonction de leur divergence génétique plus ou moins importante. Cela est bien attesté par des séquençages génétiques nombreux. C’est probablement la même chose pour les parosphromenus, mais nous ne pouvons pas encore le prouver. La communauté de formes extérieures de ces espèces nous montre en un instantané un processus évolutif en cours, avec les différentes étapes de la spéciation.
(PF)